« La médecine du travail est passée au poste de police et a déclaré tout le rez-de-chaussée insalubre »raconte en mars un agent de la police municipale de Draguignan à propos du quartier général du service situé rue Notre-Dame-du-Peuple. « Il y a des infiltrations d’eau à chaque pluie, le salpêtre est sur tout les mûrs. Il y a des cafards et lorsque l’on tire la chasse, cela remonte dans les douches »décrit l’un de ses collègues. Résultat: « les vestiaires, les toilettes, les douches et la cuisine ont été fermés. Nous avons tout installé dans la salle de crise au deuxième étage. Draguignan n’a plus de salle pour cela. »

Un point de non-retour atteint? C’est ce qui semble motiver certains policiers municipaux dracénois à lancer l’alerte et dénoncer leurs conditions de travail. « Nous demandons juste de travailler dans des conditions dignes », exigent-ils. En joignant le geste à la parole, les policiers municipaux ont transmis des clichés permettant d’étayer leurs propos. Des murs décrépis avec du salpêtre dessus. Les traces de ruissellement sur d’autres. Des douches dans un sale état…

Le rez-de-chaussée évacué en raison de cafards

« Je me souviens en mars 2023, il y avait déjà eu un signalement aux élus municipaux mais rien n’a été fait depuis. Et cela s’aggrave »déplore l’un des agents. « Nous avons tous eu des postes avant Draguignan dans le Var ou dans d’autres régions et franchement, c’est du jamais vu »témoignent-ils. « Nous voir pour faire des coups de communications, les élus savent le faire, mais pour donner un poste de police digne, il n’y a plus personne »fulmine l’un d’eux. « On a le sentiment que le maire a une police municipale parce qu’il en faut une, mais ce n’est clairement pas sa priorité »abonde un autre. « Pour mettre des millions d’euros dans un musée où personne ne va, le maire est volontaire. Pour nous rénover le poste, il n’y a plus personne »assène son collègue. « Ils ne cessent pourtant de nous dire qu’ils n’ont pas le budget. Cela dépend pourquoi. »

Un manque de moyens en général pointé du doigt

Plus généralement, ces policiers municipaux pointent du doigt un manque global de moyens. « Nos uniformes et équipements de protections sont au top parce que notre hiérarchie directe est super à cheval à ce sujet « , racontent-ils. « Mais pour le reste, c’est plus compliqué. » À commencer par l’annexe de la Police municipale ouverte rue de Transauparavant installée rue de la République. « Ce bâtiment est trop petit et non sécurisé. À la pause déjeuner, les collègues sont à sept dedans, avec un seul sanitaire mal isolé. Puis la devanture n’est pas sécurisée, surtout en connaissance de cause du contexte de délinquance dans le centre ancien », décrit l’un d’eux. Autre problème de taille: le matériel. « Nos voitures sont très vieilles, ou à bout, avec plus de 160.000 kilomètres, le mécanicien aux services techniques n’a pas les moyens de pouvoir les entretenir correctement… »

Toujours en lien avec les véhicules de la police municipale… « Nous avons, à Draguignan, un véritable problème avec les sans domiciles stables (SDS). Ils représentent une part importante de nos interventions », explique l’un d’eux. « Nous demandons des housses lavables ou jetables que nous pouvons mettre sur les banquettes et ainsi nous protéger ainsi que le matériel d’éventuelles maladies. »

« En vain, nous avons tout juste de quoi désinfecter les voitures… », déplore son collègue. « La dernière fois, nous en avons eu un SDS avec la gale, un autre avec un staphylocoque doré… On ne peut pas se permettre de ramener cela à la maison… » Et de conclure: « Et on ne peut même plus se doucher au poste, vu que les douches sont condamnées. »

L’espoir d’un nouveau poste de police en préparation

Ce qu’il les fait tenir? « L’envie d’être au service des Dracénois et surtout la très bonne ambiance au sein de nos équipes »résument-ils. « Les élus nous ont promis un nouveau poste de police en lieu et place de la Caisse d’allocations familiales (Caf) (route de Montferrat, Ndlr), mais c’est un projet de long terme, nous avons besoin d’une réponse immédiate! »

« Nous travaillons d’arrache-pied sur le dossier »

Contacté, Jean-Yves Fort, adjoint au maire délégué à la sécurité dément: « Le poste de police n’a pas été déclaré insalubre par qui que ce soit. » L’élu reconnaît pour autant les problèmes dénoncés par les agents municipaux. « Nous sommes très satisfaits par leur travail et nous travaillons d’arrache-pied sur le dossier. Une situation que nous traitons du mieux possible depuis 2018. »

« Nous avons déjà effectué des travaux sur la toiture et les canalisations pour 45.000 euros en 2021; nous prévoyons d’autres travaux, pour remédier au problème »annonce-t-il. Et d’enchaîner. « La sécurité est notre priorité, nous sommes passés de 23 à 35 agents; nous travaillons pour déployer une police municipale la nuit. Quand la délinquance augmente partout en France, à Draguignan, elle est contenue »rappelle Jean-Yves Fort, en référence aux chiffres de la délinquance de la police nationale et du ministère de l’Intérieur.

Une solution temporaire dans les tuyaux…

« Quant à la question du poste de police, nous travaillons actuellement à une solution intermédiaire »annonce-t-il. « Nous prévoyons des travaux pour permettre à nos agents d’avoir des vestiaires, des douches, cuisines et toilettes au deuxième étage; en parallèle d’installer un poste temporaire rue de Trans, dans un espace plus grand d’environ 150m² détenu par la Saiem Draguignan, avec toutes les commodités nécessaires. » Les effectifs seront alors répartis entre Notre-Dame du Peuple et la rue de Trans.

Avant l’aménagement d’un nouveau poste de police

« Nous avançons également sur le futur poste de police municipale, mais il y a beaucoup de paramètres en jeu. Cela prend du temps »confirme-t-il sans vouloir donner plus de détails sur le site envisagé. « Ce futur poste aura toutes les commodités en termes d’espaces, de confort, de places de parking et permettra même l’installation en rez-de-chaussée d’un stand de tir, ainsi que le transfert du Centre de supervision urbain (CSU). » Quant à la flotte de véhicules des policiers: « lorsqu’ils sont trop usés, nous les remplacerons immédiatement ». Et le matériel sanitaire pour prendre en charge les sans domicile stable (SDS)? « Il y en a assez »assure l’élu. Affaire à suivre.